Gaëtan Picon

Le site Gaëtan Picon, à l’initiative de l’association des amis de Gaëtan Picon, est ouvert. Les chercheurs apprécieront la bibliographie du critique, philosophe, éditeur et tout simplement écrivain parmi un ensemble des ressources validé par un conseil scientifique, sous la direction du professeur Bernard Vouilloux. Il faut aller s’y promener…

Et pour découvrir cette figure centrale de la vie intellectuelle du XXe siècle, on peut commencer par lire Écrire c’est, aux éditions de la Fontaine vieille à Aurignac (31420), sur commande ou en librairie (L’Atelier, Vocabulaire, Tschann à Paris, Ombres blanches à Toulouse).

La Biennale internationale des jeunes artistes, Paris (1959-1985)

Aux Presses du réel, vient de paraître une somme de plus de 600 pages consacrée à la Biennale des jeunes, qui s’est tenue entre 1959 et 1985 à Paris (coédition Presses du réel-Inha). Une somme ? Pas vraiment si l’on en croit la directrice de cet ouvrage collectif, Elitza Dulguerova. Qui a déjà vu les mètres linéaires consacrés à cette Biennale dans la réserve des Archives de la critique d’art-INHA à Rennes, comprend sa modestie: l’exhaustivité était impossible. L’historienne d’art a donc pris le parti d’une histoire “discontinue” ou “kaléidoscopique”.

Ce livre est un modèle d’architecture : en quelques gestes, on en saisit la logique, on s’y oriente sans difficulté. Une trame chronologique alterne avec des témoignages. L’expertise de Jean-Marc Poinsot parmi d’autres, ou le concours de l’INA (Catherine Gonnard) sont aussi passionnants que les propos de Catherine Millet, d’Alfred Pacquement ou de Jean-Hubert Martin. Par les signataires des articles comme les sujets abordés, la dimension internationale est largement représentée. Il le fallait évidemment pour une Biennale qui a réunit 56 pays dès 1963 ! Et si, malgré une architecture impeccable d’équilibre et de clarté, le lecteur tâtonnait encore, qu’il aille à la fin de l’ouvrage lire tranquillement le descriptif précis de chacune des éditions de cette manifestation.

Nicolas de Staël et Georges Braque

Rétrospective de l’œuvre graphique de Braque à Alès, rétrospective de Nicolas de Staël au Musée d’art moderne de Paris, en ce mois de septembre 2023. Deux destins de peintre que rien ne semble rapprocher… Une amitié intense nouée à partir de 1944, quand Braque découvre la peinture de Staël à la galerie Jeanne Bucher qui l’expose pour la première fois. Le même effort continu de métamorphose du réel par la peinture. Anne de Staël, poète et fille du peintre, éclaire magistralement leurs échanges dans la première partie d’une conférence donnée en 2014, lors de la grande exposition Braque, au Grand Palais. Voir et revoir ces deux œuvres, à la lumière l’une de l’autre…

“Oublions les choses, ne considérons que les rapports”, Cahier de Georges Braque

L’injonction de Braque, adressée à lui-même, aux artistes, aux spectateurs, aux humains en général peut-être aussi, pourrait, a minima, définir l’entreprise cubiste : les tableaux de son inventeur, aux côtés de Picasso, semblent circuler sur une ligne de crête progressant entre représentation, récusée, et abstraction totale, tout autant rejetée. Face aux toiles, l’œil du spectateur circule, lui, par les passages d’une ligne, d’une forme, d’une couleur à l’autre… et un monde de correspondances se manifeste progressivement.

Jusqu’au 29 octobre 2023, il faut aller dans le Gard, à Alès, pour découvrir son œuvre graphique. Le musée-bibliothèque Pierre André Benoit présente une rétrospective de celle-ci, menée en permanence par l’artiste en parallèle avec sa peinture. Parmi les merveilles présentées, les 16 planches de la Théogonie d’Hésiode gravées par Galanis en 1932 pour le compte d’Ambroise Vollard : au centre de ces eaux-fortes, dieux et déesses célèbrent la naissance du monde, virevoltant ou menant des chevaux au galop ; dans les marges (les “remarques”), les essais de plume révèlent la naissance des formes. Ces remarques sont généralement coupées avant impression (c’est ce qui se passera dans le livre finalement édité par Maeght en 1955). Mais en 1932, Braque a tenu à ce qu’elles soient imprimées, en contrepoint de l’image centrale. Cette œuvre est, comme le disait Dora Vallier, “un sommet de l’art du XXe siècle”.

Dans le catalogue sont reproduites ces 16 planches (éditions Trente et un), près d’articles de Céline Chicha-Castex, Laurence Imbernon, Brigitte Léal et Françoise Nicol.

Lire aussi l’article du Monde, le 24 août 2023: “Georges Braque à Alès, les petits moyens d’une grande expo”.

Centre Joë Bousquet et son temps

Au 53 rue de Verdun, à Carcassonne, la Maison des mémoires accueille l’association du Centre Joë Bousquet et son temps qui vient d’ouvrir son site: https://centrejoebousquet.fr. On y trouvera le programme de la prochaine rencontre sur “L’Acte créateur”, le 9 septembre 2023, en ouverture d’une exposition consacrée à la collection d’art brut d’Alain Bouillet.

L’Atelier d’Yves Picquet

juin 2023: une nouvelle parution aux Éditions de la Fontaine vieille. On peut lire comme une réflexion sur “l’art abstrait” aujourd’hui les deux textes réunis dans l’ouvrage L’Atelier d’Yves Picquet : ils sont signés du peintre Yves Picquet (1942-) lui-même et de l’historien d’art Pascal Aumasson. L’atelier où s’engage le travail artistique est au cœur des deux textes. Une des dernières séries de l’artiste, la série Plis/replis entamée en 2015 n’est pas figurative, tout en développant une étroite relation avec des éléments de la nature.

Jean Hélion, New York, 1946

Lors du colloque de 2019, le chercheur Yves Chevrefils Desbiolles nous a permis de découvrir l’existence du film sur Jean Hélion (1904-1987), Un artiste au travail. Hélion, New York, 1946 (réalisation: Thomas Bouchard, scénario et script: Jean Hélion, musique: Stanley Bate). Yves Chevrefils Desbiolles vient de reprendre son texte pour apporter des précisions supplémentaires. La recherche ne s’arrête jamais! On trouvera sa communication ici, à la rubrique “Les peintres”. Quelques captures d’écran permettent d’approcher ce film fascinant. Bonne lecture!

La galerie Jacques girard à Toulouse (1982-2013)

La galerie de la rue des Blanchers, à Toulouse, a présenté pendant trente ans des représentants éminents de l’art contemporain. 128 artistes se sont succédé dans une galerie exceptionnelle, en province, comme on disait alors. Les expositions, 165 en tout, collectives ou individuelles, étaient au centre de l’action du galeriste Jacques Girard. Les artistes associés, de près ou de plus loin au groupe Supports/Surfaces y ont été largement représentés. Pour en savoir plus, une journée d’étude aura lieu le jeudi 20 janvier 2022, à L’ICT de Toulouse.

Marcel Cohen, rencontres et parti-pris

Le livre de Marcel Cohen, Rencontres et partis-pris, regroupe des écrits sur l’art publiés entre 1976 et 2020 (L’Atelier contemporain, 2021). Ces écrits sont précédés d’un entretien très stimulant avec Nathalie Jungerman dont le point de départ est le constat du silence qui s’impose d’abord au critique: “Pour regarder une toile, il faut non seulement se taire, mais faire taire aussi, et dans un premier temps du moins, toute réaction critique” (p. 10). Comment écrire sans oublier cette obligation, mais au contraire en s’y adossant, par tous les moyens possibles, que Cohen teste en quelque sorte, d’un écrit à l’autre. Ce livre sonne juste, nettoie l’œil, oblige à quitter toute facilité routinière pour approcher, parmi d’autres artistes, Maya Anderson, Colette Brunschwig, Chris Burden, Alexandre Delay, Arnulf Rainer, Antonio Saura ou Gérald Thupinier.

Le Japon dans la Revue A

La Revue A (n°9, Rançon, 2020) propose un dossier sur le Japon dirigé par Martine MONTEAU et Atsuko NAGAI (“Échanges avec le Japon”). On en trouvera un compte rendu dans la revue Mélusine. 3 sections: “Surréalisme au Japon” avec une place importante accordée à TAKIGUCHI Shuzo, “Échanges Japon-Occident” (dont un article sur le sculpteur TSUKUI Toshiaki), “L’artiste MOTOMIYA Takeshi” et un ensemble de reproductions d’œuvres plastiques.

Jean Claude Drouin

Jean-Claude Drouin était le fils de René Drouin. Témoin de la Galerie de la place Vendôme, il était venu partager ses souvenirs avec le public de la Maison des sciences de l’homme de Bretagne, en février 2019, à notre invitation. La générosité, la simplicité et l’enthousiasme presque enfantin de celui qui fut aussi un grand architecte restera dans nos mémoires. On trouvera son témoignage ici. Il est mort, en novembre 2020. Une amie proche de lui a accepté que nous publions l’hommage qu’elle lui a rendu. Qu’elle en soit remerciée .

Marc Tobey

Si l’on habite Paris, on peut, pour quelques jours encore, aller à la rencontre des œuvres de Marc Tobey à la galerie Jeanne Bucher Jaeger, 5 rue de Saintonge. Leur prêter attention, … sans se demander, une fois encore, ce que peut bien signifier l’opposition figuration-abstraction.
Dans tous les cas,on peut se procurer le catalogue: Emmanuel Jaeger et Stanislas Ract-Madoux (dir.) Marc Tobey, Tobey or not to be, Galerie J. B. J., Gallimard, Paris, 2020. Contributions de C. Debray, L. Bertrand-Dorléac, D.  Anfam, T. Schlesser, E. Klein, S. Lambert.


© Galerie Jeanne Bucher Jaeger

Jean Leymarie

“Hegel annonçait déjà la mort prochaine de l’art, dont beaucoup pensent que c’est maintenant chose faite, dans une ère de pression technologique et de conditionnement culturel. Mais si l’art n’existe plus ou si nul ne sait plus comment le définir, il reste encore, fort heureusement, des artistes, c’est-à-dire des êtres de fantaisie et de liberté, qui sont la sauvegarde de l’homme. Ce qui compte, c’est la fonction créatrice de l’art, liée irréductiblement aux sources et au mystère de la vie, non les produits artistiques dont nous sommes au contraire massivement saturés par une diffusion souvent corruptrice et neutralisante. La planète tout entière, que l’homme est désormais capable de détruire ou de quitter, risque de se transformer en gigantesque et dérisoire objet d’art pour les futurs musées de l’espace.” (Rencontres de Genève, L’art dans la société d’aujourd’hui, tome XXI, Les Éditions de la Baconnière, Collection : Histoire et société d’aujourd’hui, Neuchâtel, 1968).

En 1967, Jean Leymarie participait aux Rencontres de Genève, aux côtés de James J. Sweeney, Theodor W. Adorno, Yves Bonnefoy, Alejo Carpentier Y Valmont, Gaëtan Picon et René Clair. Jean Starobinski était là. Les actes nous restent.
Son constat est lourd d’inquiétudes: l’art est menacé de mort; notre monde aussi. Mais il reste et il restera les artistes et la “fonction créatrice de l’art”, constitutive de l’humain. Qui consacrera dans les années qui viennent un livre à Jean Leymarie (1919-2006) qui porta sur l’art du XXe siècle un regard si aigu? Qui reprendra à nouveaux frais la réflexion sur l’art dans sa relation avec le réel et la société des hommes, alors (et depuis) ressentie comme irrémédiablement abimée?

Les arts visuels à travers les écrits

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